9 juin 2025 · Articles pédagogiques
Décrochage scolaire, mon enfant n’aime plus apprendre : quelles solutions ?
Le décrochage scolaire ne se limite pas à un élève qui refuse d’aller en cours. C’est un processus lent et progressif : peu à peu, l’enfant se déconnecte du système éducatif, jusqu’à ne plus y trouver sa place. Quels sont les signes qui révèlent un véritable mal-être ou une perte d’intérêt pour l’école ? Et…
Le décrochage scolaire est un phénomène complexe qui ne se résume pas à un simple refus d’aller en cours. Il s’agit d’un processus progressif où l’enfant perd pied avec le système éducatif, souvent dès le primaire (1). Pour les parents désemparés, comprendre les mécanismes de ce désengagement devient une priorité. Quels signaux trahissent un désintérêt profond de l’enfant pour l’école ? Et quelles solutions mettre en oeuvre pour l’aider ?
Au sommaire :
- Les signaux d’alerte : au-delà des mauvaises notes
- Agir en amont sur l’échec scolaire : stratégies parentales
- Solutions éprouvées : quand le système éducatif s’adapte
- Prévenir l’échec : les clés de la résilience scolaire
Les signaux d’alerte : au-delà des mauvaises notes
Le décrochage scolaire se manifeste rarement de façon brutale : c’est un processus progressif dont les signes avant-coureurs incluent :
- Une baisse de participation en classe ;
- Des absences répétées non justifiées ;
- Une démotivation persistante face aux devoirs ;
- Des symptômes de dépression.
En effet, l’étude longitudinale québécoise menée sur 499 élèves révèle que 63 % des jeunes présentant des symptômes dépressifs en 6ᵉ développent un risque accru de décrochage en 5ᵉ (2) :
“Les résultats indiquent que 63,2 % des élèves du groupe dépressif en 6e année présentent un risque de décrochage scolaire en 1re secondaire, alors que ce taux s’élève à 32,2 % chez les élèves du groupe non dépressifs.”
Gagné, Marie-Eve et Diane Marcotte, “Effet médiateur de l’expérience scolaire sur la relation entre la dépression et le risque de décrochage scolaire chez les adolescents vivant la transition primaire-secondaire”.
Par ailleurs, les recherches de la Canadian Psychological Association (3) montrent qu’un indice de risque basé sur les données administratives (retards, absences, résultats) permet de prédire avec une certaine fiabilité le décrochage.
Solutions en amont au décrochage scolaire : stratégies parentales
Recréer le dialogue sans jugement
La clinique de l’activité développée par Yves Clot souligne l’importance de valoriser les micro-réussites quotidiennes (1). Plutôt que de focaliser sur les notes, demandez plutôt : « Qu’as-tu appris d’intéressant aujourd’hui ? ». Cette approche permet ainsi de restaurer la confiance de l’enfant en ses capacités.
Collaborer avec l’établissement
Le programme ANR-CNED a prouvé que l’implication conjointe parents-enseignants augmente la persévérance scolaire (4) chez les lycéens pratiquant la formation à distance. Cette persévérance se traduit par la motivation et l’engagement de l’élève dans ses apprentissages. Bien que l’étude porte spécifiquement sur l’enseignement à distance proposé par le CNED, ses enseignements peuvent inspirer des pistes de réflexion utiles pour l’ensemble du système éducatif. L’étude suggère ainsi aux parents de :
- Participer aux réunions pédagogiques ;
- Demander aux professeurs un plan d’accompagnement personnalisé ;
- Explorer des alternatives comme l’enseignement hybride, qui combine les cours en présentiel et en distanciel.
Solutions éprouvées : quand le système éducatif s’adapte au décrochage scolaire
Les classes relais : un sas de réinsertion
Les ateliers relais offrent un suivi psychopédagogique individualisé aux collégiens français en situation d’échec scolaire. En faisant appel à des associations complémentaires de l’enseignement public au niveau national et académique, ces ateliers consistent à :
- Maintenir des effectifs réduits (8 à 10 élèves maximum par atelier) ;
- Assurer une pédagogie par projets concrets ;
- Renforcer le lien avec les familles.
Lutter contre le décrochage scolaire grâce aux solutions numériques
La plateforme Scolibree applique les principes des sciences cognitives pour relancer l’engagement des élèves. Son algorithme permet de renforcer la persévérance des enfants et adolescents en adaptant le rythme des révisions selon le profil de l’apprenant, la difficulté des exercices en temps réel et les feedback positifs pour maintenir la motivation.
Prévenir le décrochage : les clés de la résilience scolaire
Les recherches de l’Université du Québec identifient trois piliers pour contrer le décrochage scolaire :
- Soutien à l’autonomie : laisser l’adolescent participer aux choix pédagogiques ;
- Renforcement des compétences : miser sur ses points forts pour reconstruire la confiance en soi ;
- Affiliation sociale : favoriser les travaux de groupe et mentorats.
Les différents dispositifs mis en place sur le territoire français ont déjà permis de réduire le taux de décrochage de 13% en 2017 à 9% en 2018 (5). Le décrochage scolaire n’est donc pas une fatalité. En combinant écoute active, outils adaptés et confiance restaurée, il devient possible de réconcilier un jeune avec les apprentissages. La clé ? Intervenir tôt, sans dramatiser, et mobiliser tout l’écosystème éducatif.
Ressources et solutions d’aide aux jeunes en situation de décrochage scolaire :
- Plateforme Ma seconde chance (Onisep) : orientation et solutions locales
- Structures d’écoute comme Fil Santé Jeunes (0 800 235 236)
Sources :
- Potvin, P. (2015). Décrochage scolaire : dépistage et intervention. Les Cahiers Dynamiques, 63(1), 50-57. https://doi.org/10.3917/lcd.063.0050.
- Gagné, Marie-Eve et Diane Marcotte. « Effet médiateur de l’expérience scolaire sur la relation entre la dépression et le risque de décrochage scolaire chez les adolescents vivant la transition primaire-secondaire. » Revue de psychoéducation, volume 39, numéro 1, 2010, p. 27–44. https://doi.org/10.7202/1096849ar.
- Gagnon, V., Dupéré, V., Dion, E., Léveillé, F., St-Pierre, M., Archambault, I., & Janosz, M. (2015). Dépistage du décrochage scolaire à l’aide d’informations administratives ou auto-rapportées [Screening of secondary school dropouts using administrative or self-reported information]. Canadian Journal of Behavioural Science / Revue canadienne des sciences du comportement, 47(3), 236–240. https://doi.org/10.1037/cbs0000014.
- Clément DUSSARPS, Elodie VAUGIER, Julie VARICHON, Proposition d’un cadre épistémologique et méthodologique pour l’étude de la persévérance scolaire dans l’enseignement à distance, https://doi.org/10.17184/eac.9365.
- Jean-Frédéric Vergnies, Edito : le décrochage scolaire à l’épreuve des territoires, p. 1-2, https://doi.org/10.4000/formationemploi.6439.
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